Le Moyen-Age et le début de la
Renaissance sont une époque de florissement pour les métiers
liés au commerce des Foires de Champagne. Effectivement,
l'artisanat du bois, des métaux, des métiers de
bouche ou encore de la papeterie se développent considérablement.
L'irrigation de la ville permet également un développement
de l'industrie de la drapperie, de la tannerie et des tisserands.
La disposition des maisons troyennes
est concentrée au bord des axes d'eau, aujourd'hui recouverts
ou asséchés. Troyes est effectivement traversée
de part en part par de nombreux cours d'eau. Toute la structure
de la ville ainsi que celle des maisons est donc ordonnancée
en fonction des cours d'eau (cf plan de Roger Bacquet de 1853).
En effet, les encorbellements marqués
des maisons servaient notament d'abri aux tanneurs, leur permettant
de travailler par tous les temps. Ces encorbellements élargissent
la surface d'habitation à l'étage dans une ville
où les maisons commencent déjà à se
sentir à l'étroit.
Le temps a également une incidence
sur la construction des maisons en pans de bois. Le pignon donnant
sur les rues est souligné par les fermes d'avant-corps
posées sur une double sablière. Ces fermes d'avant-corps
sont généralement triples ( la largeur de l'avancée
est constituée de trois poutres) et protègent la
partie supérieure de la façade contre les dégradations
de la pluie et du soleil. La façade est quelquefois recouverte
de bardeaux constitués de lames de bois ou d'ardoises appelées
également essentes. La façade est ainsi protégée
des intempéries laissant écouler l'eau par la ferme
d'avant-corps et évitant le ruisselement sur les murs par
les essentes. Ces essentes sont généralement situées
au centre de la façade, mais peuvent la recouvrir entièrement.
Cette technique des bardeaux est une technique de restauration
actuelle. Effectivement, les essentes du Moyen-Age sont essentiellement
en ardoises ardennaises et non en bois. L'ardoise était
plus économique à l'époque, légère
et pratiquement indestructible; elle recouvre entièrement
certaines façades. La partie basse des maisons est, quant
à elle, protégée par la façade de
la maison faisant face, du fait de leur proximité.
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3 rue Passerat
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1 rue Passerat
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Les maisons en pans de bois de Troyes
comporte généralement trois étages. Le troisième
sert de grenier pour les débarras et l'étendage
du linge. Les appartements sont pavés de carreaux émaillés,
les planchers et lambris couverts de mosaïques, les murs
décorés de tapisseries et de peintures pour les
plus riches maisons.
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Les maisons en pans de bois sont de véritables
ossatures élastiques. Les assemblages, principalement à
tenons et mortaises, ne présentent jamais une rigidité
absolue, ce qui explique les déformations des murs que
nous pouvons constater aujourd'hui. Le remplissage des murs (par
des paleçons) entre les différents éléments
de bois doit donc présenter une certaine élasticité
et suivre les mouvements de l'ossature. C'est pour cette raison
que le torchis convient bien à toute construction en bois.
Le torchis se compose de paille d'avoine hâchée,
de poils de vache ou de crins de cheval suivant la place occupée
par le propriétaire dans la hiérarchie sociale.
De l'argile est ensuite mêlée au torchis et quelquefois
du crottin de cheval. Un torchis peut avoir une existance de deux
à trois siècles et en fait un matériau fiable.
Ce torchis peut être remplacé par
différents hourdis venant remplir les vides de l'ossature.
Ces hourdis sont divers en fonction des régions: tuleaux,
briques, moëllons, planches. A Troyes, la plupart des maisons
en pans de bois sont en torchis.
La structure des maisons en pans de bois
exprime une volonté de hiérarchiser les différents
éléments. Cette hiérarchisation se perçoit
notamment par le poteau de forte section qui marque l'axe vertical
de symétrie de la façade. Ce poteau de forte section
ainsi que la poutre maîtresse supportant le plancher (la
sablière) montrent une disposition qui se généralise
à Troyes après l'incendie de 1524.
La principale caractéristique du
pan de bois champenois est la présence systématique
d'une sablière intermédiaire aux 2/5 de la hauteur
d'un étage. Les maisons troyennes sont également
surélevées par un soubassement de briques ou de
pierres afin d'obtenir une structure stable et éviter les
inondations. Le chêne est le bois le plus fréquemment
utilisé dans la construction des maisons troyennes de part
sa robustesse, mais également sa présence dans la
région. Le chêne est utilisé pour les pièces
maîtresses de l'ossature, tandis qu'un bois moins coùteux
et plus abondant était employé pour l'habillage.
Le XVIème siècle troyen
représente l'aboutissement de la structure et de l'organisation
des maisons en pans de bois. La mode est ensuite de recouvrir
les pans de bois d'un enduit. L'édit royal de Sully de
1607, prononcé pour lutter contre la propagation rapide
du feu lors des incendies, interdit également les bois
apparents du rez-de-chaussée et aucune saillie n'est dès
lors permise. Il devient dès lors obligatoire de recouvrir
les façades en bois d'enduit.
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1
soubassement de maçonnerie
2 encorbellement
3 sablière
4 poteau
de forte section
5 ferme
d'avant-corps
6 corbeau
7 lien
8 décharge
9
potelet
10 linteau
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