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L'ornementation

Les maisons du Bouchon de Champagne constituent un remarquable ensemble de sculptures du XVIème et XVIIème siècles. Outre les poutres et pièces apparentes des maisons, les parties les plus ornées sont les portes et les fenêtres.

117 rue Emile Zola (restauration) 51 rue Emile Zola (restauration)

Les pièces apparentes sont ornées d'emblêmes, d'inscriptions, de devises qui sont en quelque sorte l'expression des moeurs et des croyances des habitants de l'époque.
La construction des maisons était souvent liée à une idée religieuse, c'est la raison pour laquelle nous rencontrons une quantité de représentations de saints sur les poteaux corniers et sur les autres pièces. On retrouve notamment à Troyes de nombreuses représentations de Saint Nicolas, considéré alors comme le saint protecteur contre les incendies (véritable fléau de l'époque) et contre la famine.

Vers la fin du XVIème siècle, les idées religieuses faiblissent, les écus armoriés des familles nobles et les monogrammes des riches commerçants se joignent aux figures de saints.


Maison du Dauphin

22 rue Champeaux

Les représentations de saints sont peu à peu délaissées au profit des signes héraldiques et des figures grotesques. Les figures grotesques occupent une place grandissante dans l'ornementation des maisons en pans de bois (quelques représentations satiriques sont sculptées).


28 rue Général Saussier

25 rue Mitantier

Hôtel du Petit Louvre

Selon les époques, une mode apparaît dans les motifs d'ornementation. Les maisons de Troyes présentent des motifs Renaissance mais également Gothiques.
La structure des maisons étant de l'époque gothique, la Renaissance s'adapte aux structures déjà existentes. Les motifs les plus souvent rencontrés sont les plumes (ou écailles), les cordes et les plis; motifs que l'on retrouve également dans le mobilier de l'époque.


51 rue Emile Zola


117 rue Emile Zola

Les consoles à palmettes, les mascarons, les frises, les guirlandes et retombées de fleurs et de fruits, les sablières couvertes de cartouches et de médailles à l'antique marquent la fin du XVIème siècle.

Le décor perd alors progressivement de sa fantaisie et de son exubérance, et laisse place à la simplification et à la rigueur. Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les façades sont en général plus sobres et s'adaptent aux lignes droites de l'ordonnance générale. Les fenêtres ont également perdu leur forme carrée: elles s'allongent entre deux poteaux, entourées d'une moulure saillante.


Les décors des maisons en pans de bois sont façonnés selon le qualibre des outils des charpentiers ou sculpteurs. Ainsi, un décor en écailles sculptées sur un montant de fenêtre, par exemple, sera composé d'écailles de même dimension, c'est-à-dire du qualibre de l'outil utilisé.

Aujourd'hui, lors des restaurations des maisons, des sculptures sont découvertes sous l'enduit qui recouvre les pans de bois. Elles restent en plus ou moins bon état selon la technique de sculpture utilisée.
Effectivement, il existe trois façons, visibles sur les maisons troyennes, de sculpter ces figures dans le bois :

- la sculpture en épannelé:
La figure sculptée est entièrement en relief par rapport au support. La poutre en bois n'a donc pas été creusée.


- la sculpture dans la masse:
La figure sculptée est entièrement creusée dans la poutre, et aucun élément ne dépasse de la surface de la poutre.


- la sculpture en faible épannelé:
La figure sculptée est à demi creusée dans la poutre et laisse dépasser la face de la figure.


Ces sculptures furent en partie détruites lors des campagnes de recouvrement des façades par des enduits qui nécessitaient des surfaces plates, non saillantes. Les sculptures en épannelé et faible-épannelé furent ainsi "rabotées" afin d'égaliser la surface des poutres.

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L'ornementation sculptée des maisons est accompagnée d'une coloration des pans de bois, voire du hourdis. Il est aujourd'hui difficile de connaître avec certitude quelles étaient les couleurs utilisées et leurs significations. Dans certaines villes, les couleurs des maisons en pans de bois correspondent à des corps de métiers. Les villes cosmopolites étaient, quant à elles, réparties par ethnies auxquelles correspondaient des couleurs. Toutefois, l'étude de ces couleurs n'ayant pas été effectuée pour la ville de Troyes, aucune certitude n'est possible.
Il est toutefois envisageable que durant le Moyen Age et la Renaissance, les couleurs les plus utilisées étaient l'ocre rouge, jaune et les couleurs bleu. Ces pigments naturels étaient dilués dans du lait de chaux et recouvraient les façades. Aucune couche protectrice n'était ajoutée sur les façades, c'est la raison pour laquelle nous trouvons peu de traces anciennes de polychromie sur les bois.

Aujourd'hui, lors des restaurations de maisons, les architectes s'attachent à uniformiser la couleur du bois selon l'essence du bois utilisé dans la construction.