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L'évolution du pan de bois à Troyes

 

Les origines de l'utilisation du bois dans la construction de l'habitat en Champagne remontent à l'Age du bronze (1800 à 1000 av. J.C.). A Troyes, les plus vieilles maisons en pans de bois datent de la fin du XVème siècle et les autres du XVIème siècle.

Au Moyen Age, les maisons étaient essentiellement construites en bois. Troyes étant une ville entourée de forêts (la forêt d'Othe, de Chaource, du Der, d'Orient). Ces forêts abondaient de bois, notamment de chêne utilisé pour la construction des maisons. Une corporation importante d'artisans du bois s'est alors développée à Troyes créant tout un quartier situé dans l'actuelle avenue du Général de Gaule autrefois nommée la rue du bois. Toutefois, cette utilisation massive du bois local entraîne rapidement une pénurie dans la région. Les techniques de colombage sont alors adaptées afin d'intégrer du bois plus court, découpé en sections. On limite donc l'utilisation de grandes poutres au profit de morceaux plus courts. Des chartes sont même décrétées afin de réglementer la consommation du bois. Apparaît alors une technique qui s'affirme en resserrant les pièces de bois de l'ossature, afin d'économiser le bois long. Les interstices des morceaux de bois sont ensuite comblés par du torchis.

Un autre facteur apparaît également dans la limitation de l'usage du bois : la peur des incendies. Les maisons en pans de bois du Moyen Age étaient fonctionnelles: elles ne possédaient qu'une seule pièce avec un trou au centre pour la cheminée. Il semble possible de s'imaginer les conditions de vie des troyens au Moyen Age qui vivaient dans une peur perpétuelle des incendies. Plus tard cette phobie va même jusqu'à apposer des pancartes sur les façades des maisons : " ici sont des seaux en cas de feu " afin que lors d'incendies les habitants sachent où chercher ces seaux (dans la ville de Reims). Cette peur des incendies est d'autant plus renforcée que les toits des maisons étaient pour la plupart construits en chaume. Les incendies apparaissent donc comme un véritable fléau dans les villes. A Troyes, l'incendie de 1524 a bouleversé peu à peu la façon de construire des artisans troyens. Plus tard des mesures d'urbanisme seront prises pour contrer ces incendies destructeurs : les rues des villes vont être élargies, des ruelles vont être crées entre les maisons (afin de créer un coupe feu), des accès aisés aux sources d'eau vont être aménagés et la disposition des bâtiments va adopter le même mode de disposition que les fermes dans lesquelles le bâtiment d'habitation est situé à l'opposé de l'entrepôt et des animaux.

A la suite de l'incendie de 1524, la mode de la Renaissance troyenne est à la reconstruction en pierre. Seules les classes aisées s'offrent les travaux des artisans de la pierre, car le coût reste trop élevé. Les plus pauvres se contentent de reconstruire des maisons en pans de bois dites calendrées, c'est-à-dire recouvertes extérieurement d'un revêtement de chêne ou de bois blanc uni, simulant un appareillage de pierre avec moulures, pilastres et entablement d'architecture classique. Les maisons en pans de bois sont alors camouflées et deviennent les maisons du pauvre.